Cuba est-elle encore une référence en chirurgie ?

3 Juil 2024 | Antilles

Depuis des décennies, Cuba s’est forgée une réputation mondiale dans le domaine de la chirurgie, malgré les restrictions imposées par les embargos économiques et politiques. Mais cette nation insulaire est-elle toujours à la pointe en matière de chirurgie aujourd’hui ?

Bref historique de la renommée de Cuba dans ce domaine

L’histoire de la chirurgie à Cuba remonte à plusieurs décennies, avec des avancées significatives qui ont marqué le domaine médical international. Dans les années 1950, Cuba était déjà parmi les pionniers mondiaux de la chirurgie cardiovasculaire. En 1951, la fondation de l’Institut de chirurgie cardiovasculaire et thoracique à La Havane a marqué le début de cette ère, avec des interventions chirurgicales de pointe qui plaçaient Cuba aux côtés des États-Unis, de la Suède et de la France. (voir une analyse ici en anglais)

Malgré le blocus américain imposé depuis les années 1960, Cuba a su développer un système de santé robuste et innovant. Les médecins cubains ont non seulement excellé localement mais ont aussi été envoyés en mission humanitaire dans plus de 40 pays entre 1960 et 2000, apportant des soins médicaux dans des zones de conflit et de catastrophe.

Des chiffres impressionnants illustrent la capacité de Cuba à maintenir un haut niveau de compétence chirurgicale : le taux de survie des opérations cardiaques dépasse les 95%, ce qui place l’île parmi les pays les plus avancés dans ce domaine. De plus, des innovations comme le Heberprot-P, un traitement pour les ulcères du pied diabétique, ont prouvé l’efficacité des recherches cubaines en réduisant les amputations de plus de 81%.

Cuba a également mis en place des centres spécialisés tels que le Centre national de chirurgie à accès minimal (CNCMA), qui a obtenu la certification du système de gestion de la qualité ISO 9001:2015 et a formé plus de 5 000 spécialistes en chirurgie oncologique et autres disciplines chirurgicales en trois décennies.

L’essor de la chirurgie à Cuba malgré les restrictions

L’embargo américain imposé à Cuba depuis les années 1960 a eu un impact considérable sur le secteur médical cubain. En raison de ces sanctions, l’accès aux équipements médicaux, aux médicaments et aux technologies de pointe a été gravement limité.

Par exemple, le coût des importations médicales a augmenté de 30 % en raison des restrictions sur le commerce et le transport. Malgré ces défis, le gouvernement cubain a continué de financer généreusement son système de santé pour éviter une catastrophe humanitaire.

Malgré le blocus, Cuba a maintenu des échanges scientifiques et médicaux avec d’autres pays. Les médecins cubains ont souvent été envoyés à l’étranger dans le cadre de missions humanitaires, renforçant ainsi les compétences et les connaissances médicales à travers le monde.

Entre 1960 et 2000, les brigades médicales cubaines ont aidé les victimes de catastrophes naturelles et participé à des projets de santé publique dans des pays comme le Nicaragua, l’Iran et le Salvador.

Facteurs de réussite

Un des principaux facteurs de réussite de Cuba a été son investissement continu dans la formation médicale. Depuis la révolution, Cuba a ouvert plusieurs écoles de médecine et des centres de formation avancée. La création de l’École latino-américaine de médecine (ELAM) en 1999 en est un exemple marquant, accueillant chaque année entre 1 400 et 1 700 étudiants de divers pays.

Cuba a également cherché à collaborer avec des experts étrangers pour pallier les manques dus au blocus. Par exemple, des partenariats avec des organisations et des institutions médicales internationales ont permis à Cuba de rester à jour sur les techniques et les technologies médicales.

Le Centre national de chirurgie à accès minimal (CNCMA), certifié ISO 9001:2015, a ainsi pu former des milliers de spécialistes et adopter des techniques de pointe en chirurgie oncologique et autres domaines.

Enfin, l’innovation a toujours été un moteur de développement pour la médecine cubaine. Cuba a été parmi les premiers à adopter et développer des techniques de chirurgie cardiovasculaire dans les années 1950.

Plus récemment, des médicaments innovants comme le Heberprot-P, qui traite les ulcères du pied diabétique, ont démontré l’efficacité des recherches médicales cubaines, réduisant les amputations de plus de 81%. Ces efforts montrent que, malgré les contraintes, Cuba continue de faire des avancées significatives dans le domaine médical.

Domaines de prédilection en chirurgie

Le Brésil est souvent considéré comme la référence mondiale en matière de chirurgie esthétique, avec un marché florissant pour les interventions cosmétiques. Cependant, Cuba n’est pas en reste et a développé une expertise notable dans ce domaine, attirant des patients des Antilles et d’autres régions grâce à la qualité de ses soins et à des coûts plus abordables.

La chirurgie esthétique à Cuba est particulièrement prisée pour des procédures comme les implants mammaires, la liposuccion et les liftings, offrant des alternatives compétitives face à celles du Brésil.

Les injections de Botox et autres interventions cosmétiques sont également populaires à Cuba. Grâce à la formation rigoureuse des médecins cubains et à l’accessibilité des soins, ces procédures attirent de nombreux patients étrangers, y compris des expatriés des États-Unis et d’autres pays. Les coûts réduits et l’expertise locale font de Cuba une destination de choix pour ceux qui recherchent des améliorations esthétiques.

Cuba a également réalisé des avancées significatives dans le domaine de la chirurgie reconstructive ou réparatrice. Les techniques de reconstruction après des accidents ou des maladies, comme la greffe de peau et la reconstruction faciale, ont été perfectionnées par les chirurgiens cubains. Ces innovations sont le résultat de recherches continues et de l’application de technologies modernes, malgré les contraintes économiques.

La situation actuelle plus nuancée

Aujourd’hui, les infrastructures médicales à Cuba sont modernisées et bien équipées, malgré les défis économiques persistants. Des centres comme le Centre national de chirurgie à accès minimal sont certifiés ISO 9001:2015, attestant de leur qualité de gestion et de leurs normes élevées. Ces établissements bénéficient d’investissements continus pour maintenir des équipements à jour et offrir des soins avancés.

Les soins médicaux à Cuba sont accessibles tant pour les patients locaux que pour les étrangers. Les coûts sont généralement inférieurs à ceux des pays développés, ce qui attire un nombre croissant de touristes médicaux. Les patients peuvent accéder à une variété de traitements, allant de la chirurgie esthétique à des interventions plus complexes comme les opérations cardiaques.

Les liaisons aériennes entre Cuba et les États-Unis, ainsi qu’avec d’autres pays, ont facilité le développement du tourisme médical. Ces connexions permettent aux patients de voyager facilement pour bénéficier de soins de qualité à des prix compétitifs. L’amélioration des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis pourrait encore augmenter ce flux de patients, renforçant ainsi la position de Cuba comme destination médicale de choix.

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